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  Foi Les prêtres déportés de Rochefort (1794)
Cette année, nous fêtons le dixième anniversaire de la béatification des 64 prêtres déportés à Rochefort en 1794. Parmi eux, il y avait deux prêtres corréziens.

La symbolique de l'un d'entre eux
pour les représenter tous unis dans leur fidélité au Christ


Le calendrier des saints, désigne en langage liturgique, sous le terme de martyrologe, les désigne sous la dénomination de « bienheureux Jean-Baptiste Souzy et ses compagnons, martyrs ». Pourquoi avoir réduit leur appellation sanctifiante au nom de l'un d'entre eux ? Tout simplement parce que l'usage, en matière de canonisation, a établi que, lorsque l'Eglise procède à une béatification collective, l'identité de la figure la plus emblématique est choisie, par simplification, pour les représenter tous, ce qui ne minimise en aucune manière la sainteté des autres célébrée plus particulièrement dans leur diocèse d'origine ou de témoignage de vie parfaite comme Serviteur de Dieu. Dans le cas des prisonniers des bateaux de Rochefort, c'est le Père Jean-Baptiste Sousy qui a été choisi pour les désigner tous, car il était, à l'époque vicaire général du diocèse, et qu'il a plus particulièrement conforté et soutenu ses frères prêtres dans leur situation de souffrance ; de plus, c'est le diocèse du lieu de persécution qui a introduit le dossier de canonisation auprès du Vatican.

Au nombre de ces serviteurs de Dieu,
quelques saints bien de chez nous


Parmi ces 64 bienheureux, originaires de tous les coins de la France, désormais sanctifiés par l'Eglise, deux d'entre eux, étaient plus particulièrement attachés à notre diocèse corrézien. II s'agit des deux prêtres suivants :

Jacques LOMBARDIE né en 1737 à Limoges, curé de Saint-Hilaire-Foissac, en Corrèze, qui en 1780, avait succédé à son frère Pierre à la tête de cette paroisse relevant, à l'époque, du diocèse de Limoges. A la Révolution, ayant refusé de prêter le serment à la Constitution Civile du Clergé, il fut arrêté comme réfractaire à la loi et fut transféré, comme beaucoup de ses confrères, à l'Ile d'Aix, pour être déporté en Guyane. Le Blocus continental des ports et côtes françaises établi par la marine anglaise contrecarra cette orientation punitive. II fut alors enfermé, avec d'autres compagnons ecclésiastiques, dans les cales d'un navire d'emprisonnement. Le chanoine Poulbrière, dans son dictionnaire des paroisses du diocèse de Tulle (Tome III, notice sur Saint-Hilaire-Foissac), rend compte de son témoignage de fidélité au Christ dans les termes suivants : «A bord du vaisseau «Les deux Associes»,..., il souffrit des maux sans nombre et y mourut le 22 juillet 1794, âgé de 57 ans, très manifestement à défaut de remèdes et n'ayant plus que la peau et les os : «vrai saint, toujours souriant quoique exténué», affirme la relation de Labiche de Reignefort, un de ses confrères témoin et participant de son martyre ».

Claude JOUFFRET de BONNEMONT, sulpicien, né le 23 décembre 1752 à Gannat (Allier) qui fut successivement professeur aux séminaires d'Orléans, de Tulle, de Clermont-Ferrand, puis supérieur du Petit séminaire d'Autun où il fut arrêté par les autorités révolutionnaires pour être condamné à la déportation. II est mort lui aussi dans les cales du même bateau que l'abbé Lombardie, le 10 août 1794. Ayant exercé le professorat durant une année dans notre cite tulloise, il a donc bien côtoyé le clergé de notre petit diocèse à cette époque.

Ces deux prêtres furent l'un et l'autre emprisonnés, comme tous leurs confrères, dans des conditions totalement inhumaines sur «Les deux Associés», un bâtiment de commerce ayant servi durant des années à la traite des nègres, amarré alors en relégation dans le port de Rochefort et réquisitionné en février 1794, par ordre du gouvernement révolutionnaire, pour servir de prison flottante aux ecclésiastiques réfractaires condamnés pour non soumission aux lois antichrétiennes et anticléricales de cette époque révolutionnaire.
Bien d'autres ont aussi courageusement sacrifie leur vie par amour pour Dieu.

En effet, l'Eglise n'a retenu que 64 de ces persécutés, victimes d'un régime qui avait tout mis en oeuvre pour détruire totalement la religion chrétienne dans notre pays. Mais ils ont été bien plus nombreux à subir ces mêmes persécutions pour rester fidèles à leurs engagements sacerdotaux. Comme les procédures de canonisation requièrent une documentation solide pour reconnaître l'exemplarité d'une vie chrétienne héroïque méritant d'être présentée à la vénération des fidèles, il n'a pas été possible de retenir tous les persécutés martyrisés à cette époque pour leur donner les honneurs des autels. Les nombreux prêtres qui sont restés un peu plus dans l'ombre, mais qui ont subi le même chemin de Croix jusqu'au sacrifice total de leur vie par fidélité aux valeurs évangéliques, n'en sont pas moins des saints à part entière au regard de Dieu et méritent tout autant notre admiration. Les membres du clergé et les fidèles chrétiens ont été plusieurs milliers dans toute la France à être alors condamnés à mort par des tribunaux révolutionnaires et à être exécutés sous les huées de foules excitées. Pour les prêtres qui ont été enfermés dans les cales des bateaux amarrés aux rades Rochefort, de l'Ile d'Aix, de Bordeaux, de Blaye et de Brouage, sous la Terreur rouge de 1793-1794, les documents d'archives de cette époque permettent d'en dénombrer 2.248, dont 920 sont morts durant leur captivité en été 1794,

Une deuxième vague de persécution sous le Directoire, plus connue sous le nom de Terreur blanche, de 1797 a 1802, a déporté à nouveau de nombreux prêtres à l'Ile d'Oléron, à l'Ile de Ré et surtout en Guyane. Beaucoup y laissèrent la vie.
Durant ces périodes douloureuses, une trentaine de prêtres et religieux corréziens furent victimes des sévices révolutionnaires : outre les deux béatifiés cités plus haut, voici, recensée dans l’ouvrage de Mgr Meyssignac (Des pontons de Rochefort ... aux camps de la mort en Guyane, p.34 a 37), la liste assez précise de ces condamnés, morts par fidélité à leurs convictions religieuses et regroupés par lieux de décès ou d'exécution :

Mort a Rochefort,
dans les cales du bateau «Les deux associés» :


Daniel LAFONT de MAZUBERT (né à Treignac vers 1736, … 6 juin 1794 ; Jean-Joseph JUGE de SAINT-MARTIN, sulpicien, prieur du Miallet à Orgnac, … 7 juillet 1794, Mathurin TABAREAU, curé de Chaumeil, … le 3 août 1794 ; François OUDINOT de la BOISSIERE, chanoine honoraire de la collégiale d'Uzerche, … le 12 septembre 1794 ; Guillaume DORDOUNEAUD, né à Masseret vers 1750, curé d'Aubessaigne, … le 12 septembre 1794.

Morts à l'hôpital Saint-André de Bordeaux :

Jean LOURADOUR, né à Beyssac, … le 2 décembre 1793 ; Jean-Joseph LACOMBE, bénédictin né à Saint-Privat vers 1744, … 22 mars 1794; Guillaume GUERRY, curé de Champagnac-la-Noaille, … le 3 janvier 1794 ; Jean-Joseph LAGAYE, né à Beaulieu vers 1705, … le 16 janvier 1795 ; Jacques LAVAUR de SAINT-FORTUNADE, né à Sainte-Fortunade vers 1735, chanoine de la cathédrale et administrateur de l'hôpital de Tulle, … le 2 mars 1795 ;

Morts à Brouage en Charente-Maritime :

Jacques AUDINET, religieux cordelier, né à Beaulieu vers 1740, … le 21 novembre 1795 ; Pierre LAGIER, né à Tulle vers 1744, … le 2 décembre 1795 ; Léonard MASCHAT, né à Tulle vers 1741, directeur de la Visitation, … 7 décembre 1795 ; Jean Jacques François Nicolas de TOURNIER, né à Turenne, vicaire à Perpezac-le-Blanc, … le 26 février 1796.

Morts à Saint-Martin-de-Ré en Charente-Maritime :

Martial-Pierre DUCLOU, curé de Saint-Germain-les-Vergnes, … 7 août 1798 : Antoine CHASSAING de FONTMARTIN, né à Ussel, vicaire de Port-Dieu, … le 20 novembre 1799 ; François-Jacques RODIER, religieux à la Chartreuse du Glandier, … le 20 novembre 1799 ; François MALLET de la JORIE, né à Juillac ver 1740, … le 16 novembre 1797 ;

Morts déportés en Guyane :

Jean SOURZAC, né à Collonges, le 17 février 1745, curé de Salignac en Dordogne, … à Conamama le 14 août 1798 ; Antoine BREMOND, né à Valette d'Auriac (Corrèze), curé de Sury-près-Léré (Cher), … à Cayenne, le 21 décembre 1798.

Morts au fort du Hâ, près de Bordeaux ou en d'autres lieux,
sans précision de dates de décès :


François VEDRENNE, né à Mansac, curé de Meyssac ; Jean CABANIS, d'Yssandon ; François DECOUX, de Treignac, curé de Varaignes (Dordogne).

Morts guillotinés :

Pierre LABRUE de Saint-Basile de Meyssac, curé de Champagnac-la-Prune, arrêté à Collonges le 27 septembre 1793, … le 29 septembre 1793 à Tulle; Gabriel BOIN, né à Terrasson (Dordogne), curé de Saint-Palavy (Lot), arrêté à Collonges le 27 septembre 1793, … le 29 septembre 1793 à Tulle; Jean DECOUX, né à Treignac, condamné par le tribunal révolutionnaire et immédiatement exécuté, … 17 avril 1794 à Paris.

Deux livres racontent l'histoire de ces martyrs corréziens, tous deux de Mgr Marcel Meyssignac :
- Sur le Ponton de Rochefort: Le Bienheureux Jacques Lombardie, humble curé corrézien, Brive, Imprimerie Chastrusse, 1995.
- Des pontons de Rochefort ... aux camps de la mort en Guyane, un témoignage constant, Brive, Imprimerie Chastrusse, 1998.


Lucien LAJONCHERE, archiviste diocésain

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