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Saint-Antoine à Brive : un espace renouvelé
La première visite de la Commission diocésaine d’art sacré a eu lieu en décembre 2002 à la demande des franciscains de Saint-Antoine. Nous avons travaillé ensemble sur le mode du conseil et de la proposition, suivant le projet avec distance et cherchant avec eux des réponses à leurs questions et leurs souhaits
La rénovation et le réaménagement de l’église s’inscrit pour la communauté franciscaine dans un programme plus vaste de développement de ce lieu de pèlerinage dédié à saint Antoine de Padoue. L’église est judicieusement placée au-dessus des grotte et apparaît dans la lumière, à mi-pente, sur une plate-forme propice aux rassemblements. Et immédiatement on ressent ce que Frédéric Debuyst appelle « le génie chrétien du lieu », où convergent humanité et liturgie à travers l’intégration dans un paysage.
Le projet de réaménagement de l’intérieur de l’église est devenu nécessaire car la pierre avait été assombrie par le temps, noircie par les fumées des cierges déposés et l’espace encombré d’ajouts successifs. La première des choses était de nettoyer la pierre, éclaircir le lieu, dégager l’espace, faire disparaître ce qui n’était plus utile aux pratiques actuelles et favoriser une circulation pour permettre principalement le pèlerinage à saint Antoine. La représentation du saint missionnaire a été déplacée de manière propice au culte qui lui est rendu dans ce lieu.
Il convenait aussi de réfléchir au problème particulier du sanctuaire avec son vaste chœur à degrés. Il s’agissait à la fois de considérer le chœur où un petite communauté se rassemble autour des frères pour les messes en semaine et la longue nef pour l’eucharistie dominicale et les grandes assemblées. Ce qui nous a guidés, c’est de prendre le parti d’un unique autel, table du Seigneur et centre de l’assemblée des fidèles. Son emplacement, sa taille réduite et son orientation permettent aussi bien de célébrer les messes quotidiennes que la liturgie dominicale. En semaine, les personnes présentes s’installent d’abord dans les stalles, placées dans la généreuse clarté du chœur monacal, pour la liturgie d’ouverture et l’écoute attentive de la Parole de Dieu. Ensuite, au début de la prière eucharistique, la petite assemblée se déplace vers l’autel qu’elle entoure pour le banquet pascal. Pour la communauté qui célèbre quotidiennement avec les franciscains, il n’y a aucune difficulté à faire le chemin du lieu de la Parole à la Table de l’eucharistie. Quant à la liturgie dominicale, il fallait définir de façon précise les différents pôles nécessaires à la célébration : le siège de celui qui dirige la prière, l’ambon pour la Parole proclamée et l’autel installé sur le degré le plus élevé. Un ensemble important de sièges a été réalisé, ils sont installés en couronne sur le premier degré du sanctuaire, ils entourent l’ambon et accompagnent le siège de présidence ; le même arc est également repris dans l’assemblée avec les premiers bancs disposés en épi pour suivre ce mouvement. Cette disposition crée un espace ouvert, accueillant qui favorise le rassemblement. L’ordonnance des sièges permet aux frères de s’installer soit dans le chœur, soit dans la nef. Ils sont présents dans la communauté des chrétiens mais aussi reconnus comme frères dans une même assemblée célébrante et participante.
En ce qui concerne la réalisation du mobilier, il nous a semblé important de confier son étude à un artiste designer. La proposition en a été fait à Guy Émery. Outre les qualités esthétiques de son travail, ce qui a motivé ce choix, ce sont ses réelles capacités d’écoute et de dialogue par rapport à la commande. Il a conçu le mobilier de manière à ce que chaque pièce puisse être perçue comme appartenant à un ensemble dans lequel les formes et les matières se répondent et se font écho. Ainsi une partie de la pierre retaillée de l’autel sert d’élément central dans la structure de l’ambon et des fragments en sont inclus dans les piètements des sièges. Le métal associé à la pierre sont des matériaux habituellement privilégiés par Guy Émery. Pour cette commande, il a engagé au service de la liturgie son savoir-faire et le langage plastique qui lui son propres. Les franciscains ont mis toute leur confiance, mêlée de peurs et de surprises, dans le travail de l’artiste. Le rôle de Guy Émery a été celui de traduire et rendre visible ce qui est important au moment du rassemblement pour le partage eucharistique mais que cependant l’on puisse encore percevoir la saveur quand l’espace est vide et uniquement habité de la présence de Dieu.
Dans l’espace renouvelé de l’église Saint-Antoine, mes différents lieux sont clairement définis et permettent de rendre visibles les nécessaires déplacements de la liturgie. Ils accompagnent avec dignité, force et simplicité les temps liturgiques de l’accueil, de l’écoute de la Parole de Dieu, de l’Eucharistie et de l’envoi.
Sylvie CHRISTOPHE,
commission diocésaine d’art sacré
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