Retour accueilPlus d'infos sur Artefact...
 
Retour accueil
Autres sujets
Aller au coeur de la foi par l'Eucharistie
Après les JMJ, les jeunes témoignent et s'engagent
Art, culture, foi
Bible : la Genèse
La catéchèse : c'est quoi ?
Les catéchumènes et l'Eglise
Liturgie et catéchèse
Parcours de missionnaires
Petit guide de la confession
Saints du diocèse de Tulle
Témoins du Christ
Une heure pour Dieu
Vers le baptême
Vocations
proposer un temps d'adoration aux jeunes

  Foi Liturgie : célébrez le Seigneur !
Le 21 novembre 2004, dans la cathédrale, nous étions nombreux à chanter, prier, célébrer le Seigneur, pour marquer un anniversaire. Voici le texte que Mgr Charrier avait préparé pour ce jour-là et qui fut remis aux participants.

Célébrez le Seigneur !

Il y a un peu plus de quarante ans, le 4 décembre 1963, la promulgation à Rome du document du concile Vatican II sur la liturgie prenait valeur d’événement spirituel.
En fidélité à la longue tradition de la prière de l’Église depuis les origines,
- la liturgie redevenait la prière du peuple de Dieu appelé à une participation consciente, active et fructueuse ;
- la parole de Dieu, entendue en toutes langues et largement distribuée, offrait une nourriture abondante pour la foi ;
- la célébration des sacrements faisait entendre la Bonne Nouvelle de Jésus Christ aux grandes étapes de la vie humaine et dimanche après dimanche.
En restaurant la liturgie, le concile cherchait donc à « favoriser (…) l’union de tous ceux qui croient au Christ (…), en sorte que, par leur vie, ils expriment et manifestent aux autres le mystère du Christ et la nature authentique de la véritable Église. » (Constitution sur la liturgie n° 1 et 2).
Quarante ans après, nous nous réjouissons de ce qui nous a été donné.

La liturgie, c’est notre vie. Notre vie, c’est le Christ

Chacun d’entre nous a une expérience tout à la fois décevante et heureuse de la liturgie chrétienne.
Décevante en raison d’une mise en œuvre monotone ou de mauvais goût, sans âme, sans intérêt profond et vrai pour les personnes concernées et pour l’action à mener.
Heureuse en raison de la beauté et de la vérité d’une eucharistie dominicale même ordinaire, en raison d’un baptême de jeune ou d’adulte une nuit de Pâques, en raison d’une célébration un 15 août 2004 à Lourdes en présence du pape Jean-Paul II et de nombreux malades et pèlerins, en raison d’obsèques où la souffrance des personnes a trouvé place au cœur de l’expérience chrétienne, en raison encore d’une réconciliation vécue et du pardon reçu, parce que la parole de Dieu est venue bouleverser les cœurs.
Plus profondément, on pourrait se demander ce que serait l’Église sans sa liturgie, sans baptême, sans eucharistie, sans la prière au long des heures, au rythme des temps liturgiques de l’Avent, de Noël, du Carême et de Pâques. Que serait la prière de chacun, que serait notre écoute de la Parole de Dieu, sans les lectures proposées chaque dimanche et même chaque jour de la semaine ? Que deviendrait la présence des chrétiens dans la société sans cette profonde respiration par laquelle nous reprenons souffle ? Quels liens nous tiendraient unis au Christ et entre nous ? Oui, peut-on imaginer le groupe des chrétiens privé de ce trésor de textes, de gestes et d’actions qui donnent corps à la Bonne Nouvelle ? Saurions-nous encore de qui nous tenons le nom de chrétiens ?
La liturgie est pour nous une source où l’eau vive nous est donnée par le Christ : « celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. » (Jn 4, 14).

QUARANTE ANS APRÈS, NOUS NOUS INTERROGEONS : COMMENT LA LITURGIE NOUS AIDE-T-ELLE À TENIR DANS LA FOI ?

Présence réelle

La liturgie chrétienne veut nous mettre en présence du Seigneur. elle se vit tout entière dans la lumière de Pâques. Nous célébrons en mémoire du Seigneur, rappelant sa mort et sa résurrection, jusqu’à ce qu’il revienne. Dans l’attente de sa venue, elle fait entendre et donne à vivre la parole de Jésus : « Restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées. » (Lc 12, 35)
La constitution sur la liturgie l’atteste : « le Christ est toujours là auprès de son Église, surtout dans les actions liturgiques. » Présence qui fait écho à la promesse du Seigneur dans la finale de l’Évangile selon saint Matthieu : « Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. » Quand le texte dit « surtout », il fait entendre qu’il existe d’autres manières pour le Christ d’être présent à nos vies. C’est lui que nous rencontrons aussi dans l’étranger, le pauvre, le malade, le prisonnier. (Mat. 25, 31-46)
Dans la liturgie, la présence du Seigneur se manifeste sous diverses modalités. Il est présent dans le sacrifice eucharistique, dans la personne du ministre, et au plus haut point dans le pain rompu et la coupe de bénédiction, dans les sacrements, dans sa parole (« car c’est lui qui parle quand on lit dans l’Église les saintes Écritures »), dans l’assemblée (« Là où deux ou trois sonr réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux. »)

DANS LA LITURGIE, LA PRÉSENCE DU SEIGNEUR NOUS EST ASSURÉE. SA PRÉSENCE EST RÉELLE. QU’EN EST-IL DE NOTRE PRÉSENCE ?

Est-elle autant assurée, est-elle bien réelle ? Pour un oui ou pour un non, nous nous excusons. Facilement nous boudons l’une ou l’autre forme de la présence du Seigneur. S’il est là dans les frères et sœurs réunis en son nom, pourquoi cette indifférence ou cette distance soigneusement calculée dans nos assemblées, pourquoi l’absence si fréquente de l’accueil mutuel ? S’il est là quand on lit les saintes Écritures, pourquoi ces négligences dans l’écoute et même dans l’acte de lecture ? S’il est là dans le sacrifice eucharistique, la prière eucharistique ne devrait-elle pas être autre chose qu’un texte lu ? Les dialogues, les acclamations ne devraient-ils pas nous engager à nous tenir en présence du Seigneur ?

UNE LITURGIE SE PRÉPARE. QUELQUES-UNS S’Y EMPLOIENT. MAIS LES UNS ET LES AUTRES, DE QUELLE MANIÈRE NOUS PRÉPARONS-NOUS À RENCONTRER LE SEIGNEUR ?

Vivante liturgie

La liturgie est confiée à chacun d’entre nous. Elle n’est vivante que de la foi qui l’accueille et l’anime, la foi de chacun. La participation pleine, consciente et active de tous les fidèles aux célébrations liturgiques est demandée par la nature de la liturgie elle-même. En vertu du baptême, elle est un droit et un devoir pour le peuple chrétien, « race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté » (n°14).
Une telle qualité de participation vise à ce que tous les fidèles, par leur vie, expriment et manifestent aux autres le mystère du Christ et la nature authentique de la véritable Église. Alors, la liturgie peut édifier ceux qui sont au-dedans pour en faire un temple saint dans le Seigneur, une habitation de Dieu dans l’Esprit. Alors elle peut fortifier leurs énergies pour leur faire proclamer le Christ (n°2). La liturgie est vivante lorsqu’elle touche les cœurs, renouvelle chacun dans son attachement au Christ et dans sa façon de vivre. La liturgie vit aussi par la beauté des lieux et le respect que nous leur portons.
Mais cette liturgie est vulnérable. Lui sont fatals, la vulgarité comme la négligence (manque de propreté, désordre, insignifiance des choses), la laideur des objets ou des sons, les actes mal posés (lecture assassinée, chant qu’on ne chante pas vraiment), l’incohérence où on ne fait pas ce que l’on dit, le bricolage dans la méconnaissance de la dimension culturelle de la liturgie et de ses formes.
J’en ai la conviction : la liturgie peut être belle. Elle peut faire signe à l’homme contemporain. Il suffit quelquefois de peu. La liturgie est affaire de goût : le goût du vrai, de l’action juste, suffisamment investie, sans excès, sans mollesse.

POUR UNE LITURGIE VIVANTE ? INTERROGEONS-NOUS : QUELLE PLACE LA LITURGIE TIENT-ELLE DANS NOTRE VIE ?

Au service de la liturgie vivante ?

Vous êtes nombreux à travailler au service de la liturgie. Le rassemblement diocésain du dimanche 21 novembre à la cathédrale de Tulle en est la preuve éclatante. Les services sont multiples, pour l’aménagement et l’entretien du lieu, son fleurissement, pour la préparation et l’animation des liturgies, pour le chant et la musique. Le mot service doit ici prendre tout son sens. Personne ne peut travailler pour lui-même. À la place qui est la sienne, chacun doit au contraire s’efforcer de rendre possible la rencontre avec le Seigneur, le dialogue du Seigneur avec son peuple, pour que chacun puisse reconnaître comme Jacob au sortir de son sommeil : « Vraiment le Seigneur est dans ce lieu, et moi je ne le savais pas ! » Servir la rencontre et le dialogue, ce n’est pas une mince affaire ; il s’agit d’ouvrir un chemin d’intériorité, pour qu’advienne une écoute du cœur.
La liturgie a été souvent source de conflits et de rivalités, occasion de mesquineries et d’accaparement d’attributions. C’est en retrouvant le sens profond de ce que nous faisons et de la liturgie elle-même, que nous pourrons dépasser ces étroitesses trop humaines.
À la suite de son encyclique Ecclesia de Eucharistia (l’Église vit de l’eucharistie), le pape Jean-Paul II a déclaré Année de l’Eucharistie la période d’octobre 2004 à octobre 2005.
Il a formulé le vœu qu’elle soit « pour tous une précieuse occasion pour devenir toujours plus consciente du trésor incomparable que le Christ a confié à son Église. Qu’elle soit un stimulant pour que la célébration de l’Eucharistie soit plus vivante et plus fervente, d’où naîtra une existence chrétienne, transformée par l’amour. » (Lettre apostolique Reste avec nous Seigneur, du 7 octobre 2004).
L’Eucharistie est le foyer brûlant de toute liturgie. Ce qui est dit ici à son sujet peut aussi se dire de la liturgie dans son ensemble : conscients du trésor incomparable qui nous est donné, nous désirons tous des célébrations plus vivantes et plus ferventes, d’où naîtra une existence chrétienne transformée par l’amour.

† Bernard CHARRIER, évêque de Tulle