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L’Aumônerie,témoin de la bienveillance du Christ
Jour après jour, envoyés en mission en Aumônerie nous voudrions avec les jeunes qui nous sont confiés, être des chercheurs de Dieu.
Beaucoup de responsables paraissent désabusés : “nous ne savons pas comment faire” ; d’autres affirment “les jeunes ne s’intéressent pas à la Foi et à l’Église”. Pourtant il y a chez nous en Corrèze des perles d’Évangile qui témoignent souvent des trésors d’imagination que beaucoup déploient pour être à l’écoute des jeunes.
Comme équipe diocésaine nous exprimons ce qui nous fait vivre, ce qui constitue le projet diocésain de l’Aumônerie de la Corrèze. Ce projet s’inscrit dans cette déclaration de notre synode diocésain : “L’Eglise qui est en Corrèze doit porter une attention et le souci d’une présence particulière et bienveillante à l’égard des enfants et des jeunes de tous les milieux. Ils sont en effet, l’espérance de demain, les héritiers de l’Évangile ...”
“ Allez à la source...”(Jean)
1. Le mystère du Christ en Aumônerie , l‘accueil
Le monde des jeunes peut nous surprendre, nous dérouter, tellement le changement de génération va vite. Aujourd’hui, nous rencontrons des jeunes qui sont issus de la première génération de parents qui n’ont pas reçu l’Évangile, très peu parmi eux ont des éléments de culture chrétienne voire les bases essentielles à toute vie humaine... Ces jeunes vivent dans ce monde, dans leur monde, qui est marqué plus par la ville, internet, le sport, les métissages culturels et sociaux, que par une culture uniforme. Pourtant, c’est une génération en quête de repères et de sens qui vit dans un monde qui “s’efface alors qu’un autre est en train d’émerger.” Nous sommes face à une génération qui nous dit : “Est-il possible de vivre, est-il possible d’aimer, est-il possible d’espérer ?”
Face à cela serons-nous les témoins de la désespérance ? Même si nos Églises semblent vides, l’Église du Christ ne porte-t-elle pas en elle les promesses de son Seigneur ? Serons-nous les témoins d’une charité brûlante qui annonce un pardon toujours offert ? Ces jeunes attendent de nous d’être des témoins authentiques de la Foi au Christ Ressuscité. Ce qu’ils cherchent avant tout, ce n’est pas tant des “savants, des techniciens” mais des hommes et des femmes capables d’une parole authentique, libre, d’une liberté vraie.
Manifester le mystère du Christ en Aumônerie ne serait-ce pas avant tout une attitude : vivre l’accueil ?
Accueillir en Aumônerie c’est également se situer dans le mouvement même de l’écriture. Depuis Abraham, Marie et les Apôtres, le Christ ne cesse de nous inviter à vivre l’accueil. Dans l’Évangile, alors que le Christ va à la rencontre des enfants, des hommes et femmes de son temps, il les rencontre comme ils sont. Il les aborde dans leur propre cheminement intérieur, avec leurs questions. Il va au devant même de ceux qui semblent les plus éloignés. Le Christ est celui qui ose dire à la Samaritaine : “Donne moi à boire” C’est parce qu’il accueille les personnes comme elles sont et qu’il suscite en elles leur liberté intérieure, qu’une rencontre est possible 9.
En Aumônerie, nous avons à vivre de cet accueil du Christ lui-même. Accueillir les jeunes comme ils sont et non pas en rêvant qu’ils soient autre chose, c’est déjà pour nous annoncer l’Évangile. Cet accueil passe par le respect de l’histoire de chacun. Il y a parfois trop de blessures dans la vie d’un jeune, cela demande du tact, du discernement, de la bienveillance, même si au premier abord on ne comprend pas sa vie ou ses questions. Accueillir, c’est notre première mission .
2. VIVRE
Loin de nous arracher à la vie de tous les jours, le Christ nous y replonge. Avec des jeunes en aumônerie , être témoin de ce qu’ils vivent, c’est croire que l’Esprit Saint agit au coeur de leur vie . Prendre le temps, souvent même sans parler du Christ, de faire révision de vie, d’aborder les inquiétudes, les joies, les craintes ou la vie affective, c’est là également pour nous être au coeur de la mission évangélique que nous confie l’Eglise. C’est également pour cela que nous ne pouvons pas ignorer les lieux de vie de ces jeunes : la famille, l’école et les loisirs. Le pape Paul VI a eu un jour ces beaux mots “Tout ce qui est humain intéresse l’Église”. C’est vers ces jeunes scolaires en établissement laïcs que nous sommes envoyés par l’Église, en mission. L’Aumônerie de l’Enseignement public est une “interface” entre l’école et l’Église. L’Aumônerie se découvre ainsi comme un lieu de dialogue avec le monde des jeunes d’aujourd’hui. Nous croyons que l’éducation à la responsabilité, au respect et à la promotion des droits humains, fait partie intégrante de notre vie en Aumônerie.
Vivre avec des jeunes, c’est également au quotidien, à l’image des disciples d’Emmaüs, être témoin de leur propre croissance humaine et spirituelle. Il faut parfois reprendre les “choses” de très loin, les relire, les réinterpréter avec eux pour que leurs yeux s’ouvrent et qu’ils puissent reconnaître que le chemin sur lequel ils marchent est habité par une présence, par le “Maître de l’impossible”. C’est accepter, pour nous éducateurs d’Aumônerie, d’être patients et de laisser l’Esprit faire son oeuvre. C’est se laisser déprendre, pour que lui, le Christ, puisse ouvrir en eux les portes de la vie. Qui de nous ne s’est pas émerveillé de la croissance d’un jeune dans sa vie d’homme ou de femme... n’est-ce pas cela également appeler à la sainteté ?
3. CROIRE
Croire en Aumônerie, c’est à cause du Christ et de l’Évangile, croire en tout ce qui anoblit la personne humaine, c’est se référer à des valeurs humaines communes qui se conjuguent avec le respect de l’autre, la tolérance et l’ouverture d’esprit. Au coeur du monde des jeunes, nos aumôneries se doivent d’être également des lieux de la bienveillance de l’esprit humain.
Croire en Aumônerie c’est annoncer la parole de vie du Christ. Annoncer et proposer la Foi dans le monde des jeunes d’aujourd’hui, c’est découvrir qu’il y a dans notre pastorale un aspect profondément catéchétique et catéchuménal. Des jeunes ont soif de cette parole de Dieu. Nous sommes conscients qu’il est de notre mission de rendre celle-ci accessible et compréhensible et cela toujours avec délicatesse, tact et discernement. Il ne s’agit pas tant pour nous d’avoir un discours sur la Foi mais bien plus d‘être des témoins d’une parole de Foi, de vivre avec les jeunes une expérience de la Foi et d’aller avec eux au cœur de la Foi.
Cela demande également que les animateurs puissent faire la même expérience. Nous vivons dans un monde où les jeunes ne connaissent plus, voire peu, l’Evangile du Christ. En Aumônerie, il s’agit de leur donner le goût de la lecture et de la méditation de l’Écriture pour que l’Esprit travaille en eux, pour que l’Évangile devienne dans leur vie une parole vivante, qu’elle touche leur cœur. “Gardez le bon dépôt avec l’aide de l’Esprit Saint.” Ces mots de l’apôtre Paul à Timothée (2. Th 1.14), c’est avec joie que nous les recevons en aumônerie. Nous avons pour mission auprès des jeunes de transmettre la Foi de l’Église et de la rendre accessible. Ce long travail d’interprétation, dans une commune fidélité ecclésiale à l’enseignement de l’ Église permet souvent d’éclairer les jeunes.
« Vie intérieure et solidarité humaine » vont ensemble. L’Aumônerie ne serait pas un signe de la catholicité si elle ne témoignait pas de la sollicitude du Christ et de son Église pour les plus pauvres et les exclus. Il y beaucoup de formes de pauvreté dans notre monde, la pauvreté humaine et matérielle nous fait un devoir d’être et de vivre la solidarité. Avec les jeunes qui nous sont confiés nous osons redire ces mots plein de sagesse de Vatican II : “Les joies, les espoirs, les tristesses et les angoisses, des hommes de ce temps, des pauvres surtout, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur coeur”. Parce que l’Aumônerie est pleinement enracinée dans la vie locale, elle ne peut qu’être ouverte à la vie du monde, c’est pour cela qu’elle est solidaire de ce qui se vit dans les pays en voie de développement, qu’elle cherche avec passion à promouvoir la dignité humaine partout où elle est bafouée.
Cet engagement auprès de ceux qui sont loin de nous et qui vivent dans des situations risquées est pour nous le signe de la gratuité, le témoignage vivant que la charité du Christ se vit jusqu’aux limites du monde.
4. CÉLÉBRER
Découvrir la prière .En Aumônerie nous voudrions aider les jeunes à découvrir que la prière est en eux comme une source d’eau vive. Il n’y a pas de recette toute faite pour prier, c’est une expérience personnelle que chaque jeune est appelé à faire. Ils attendent beaucoup de nous, mais surtout ils recherchent des hommes et des femmes dont la bonté inépuisable du cœur est le témoignage de cette vie intérieure à laquelle ils aspirent. L’exigence est inséparable de la bienveillance et de l’esprit de discernement. Rien de plus rebutant pour un jeune que de s’entendre dire “il faut que...”. L’Évangile nous le rappelle : le désir de Dieu, c’est déjà le commencement de la Foi. . Éveiller les jeunes à une vie intérieure à travers une prière, belle, méditative, silencieuse, voilà également une manière concrète de vivre l’accueil du Christ lui-même au cœur de nos communautés chrétiennes.
Les dons de la grâce .L’aumônerie. est un lieu où l’on vit de la surabondance de la grâce de Dieu : les sacrements. La situation catéchuménale qui est la nôtre fait que nous sommes appelés à célébrer les sacrements de l’initiation chrétienne. La préparation d’un baptême en équipe de jeunes, c’est une joie pour beaucoup... car aujourd’hui ce sont les jeunes qui d’eux-mêmes demandent à découvrir l’Évangile du Christ. La célébration de la Confirmation ne se limite pas à la fin d’un parcours ou à une quelconque volonté d’accrocher les jeunes. Elle peut être un “espace” de renouvellement de la Foi. Là encore la préparation, l’appel des jeunes, requièrent une grande liberté intérieure ainsi qu’une certaine capacité d’écoute de la parole, pour laisser l’Esprit faire son oeuvre en chacun des jeunes que le Christ, et lui seul, nous a confiés.
La célébration de l’Eucharistie est le sommet de la vie en Aumônerie. À chaque fois qu’il est possible, qu’elle soit comme un lien de fraîcheur, qui nourrit... L’Eucharistie se vit dans les groupes, en camps, mais également au cœur de la communauté locale rassemblée le dimanche par la paroisse. Là se vit une rencontre entre générations qui peut vivifier et redonner à tous des énergies.
5. VIVRE, CROIRE, CÉLÉBRER sont les trois piliers de l’Aumônerie, trois pôles au service d’une unique mission : proposer la Foi aujourd’hui aux jeunes corréziens.
L’Aumônerie, dans sa spécificité, participe à l’annonce de l’Évangile. Nous cherchons avec passion à transmettre ce que nous avons reçu. Nous sommes conscients que le monde des jeunes est en pleine mutation, mais c’est ce peuple là qui nous est confié. La mission c’est d’être présent auprès des jeunes qui sont partie prenante ou qui passent dans les activités des aumôneries. Présents auprès de ceux-ci pour les introduire encore plus loin dans la liberté de l’Évangile, présents auprès de ceux-là qui ne sont pas encore en lien avec l’Église du Christ.
Cette mission est parfois difficile, ou bien il y a des échecs, mais c’est un Autre qui travaille en nous et avec nous tous. Cet Autre, qui nous invite à la confiance et à espérer, car nous sommes bien conscients que “l’Église qui va aux sources de la Foi est en même temps une Église qui accepte d’aller au large pour annoncer l’Évangile“.
Père Nicolas Risso
Aumônier diocésain de
l’enseignement public de la Corrèze
http://www.artefact.fr
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